Planche à voile au lac de Maine

Planche à voile au lac de Maine

-SPEED BY STEPH.

Trucs et astuces sans prétention pour essayer d'aller aller le plus vite possible sur plan d'eau intérieur court et rafaleux...sic!

OBJECTIF 30 NOEUDS.


Voici livré, pour toi en exclu, parce que tu le vaux bien, le résultat condensé de trop nombreuses sessions de navigation au lac de Maine (entre autres) et de longues heures d'observation à baigner dans le jus saumâtre qui te sert de terrain de jeux.

Fruit de cogitations intenses qui commencent toujours par une banale discussion de parking (tradition séculaire dont les funboarders ont le secret) à regarder dubitatif les risées traverser le plan d'eau en large et en travers, et qui finissent souvent en nocturne autour de moultes bières…

Attention, ce petit topo ne s'adresse ni aux pros de la speed qui n'apprendront surement pas grand chose ni au débutants purs mais plutôt aux riders motivés d'un certain niveau qui veulent absolument travailler leur vitesse dans le chantier d'eau douce du lac de Maine.

De plus, bien qu'il y ait des tendances générales il n'y a pas de théorie absolue; Essayes de développer ton propre feeling en testant un à un certains trucs proposés ici,

Ne modifies pas toutes tes habitudes de nav d'un seul coup mais prends bien le temps de sentir l'influence de tel et tel paramètres afin de trouver le compromis qui te convient et cela en fonction des conditions. Fais confiance à ton instinct et que la force soit avec toi.

Le décor est planté il ne s'agit pas là de n'importe quelle vitesse maxi, on ne parlera que de la seule, l'unique, la vraie, la VMax ,celle qui s'affiche sur l'écran du GPS (calculée par effet « doppler » et donc relativement fiable. Relis le dossier GPS : https://lacdemaine.blog4ever.com/blog/lirarticle-88552-283418.html ) et pas question ici de disserter sur « comment fumer son pote de nav au travers » ou comment boucler un parcours carré de race ni comment s'extraire au mieux d'une procédure de départ type « Défi-Wind » ?.

Non ici on ne parle que de ces plaisirs solitaires auxquels tu t'adonnes dans ton coin avec ton GPS.

Les indispensables.

Pour commencer il te faut :

-Te résoudre définitivement à naviguer surtoilé, ça peut paraître une évidence pour les habitués mais pour te donner une idée concrète c'est du genre à te faire plaquer 2 ou 3 fois sur des bords de travers dans les plus fortes rafales, c'est normal et plutôt bon signe ça veut dire que tu es bien réglé, car quand tu seras au largue tu risques de te retrouver déventé, sans « main arrière » et donc dans l'incapacité de continuer à accélérer. Si tu ne te sens pas prêt à endurer ça passe ton chemin et retourne faire du freestyle, la cour de récréation est ici réservée aux vrais amateurs de sensations fortes, shootés à l'adrénaline et à la testostérone et totalement lobotomisés (je sais c'est de la triche mais ça aide).

-Abattre, c'est une impérative nécessité car c'est l'allure sur laquelle il y a le plus de rendement (grâce à ton vent vitesse tu vas créer du vent apparent  etc… relis l'article de Méchouille sur le sujet : http://www.funboard44.fr/forum/viewtopic.php?t=2850 ) Sans abatée pas de VMax ! Attention on parle ici d'un angle de l'ordre de 120°, ce n'est pas rien je comprends que ça puisse surprendre quand on n'a pas l'habitude, Alors si c'est le cas commence progressivement au début et prends le temps de bien sentir ce qui se passe et tu te rendras vite compte que plus tu abats plus tu accélères et plus ta voile deviens légère, comme déventée  comparativement à une allure de travers ou tu subis beaucoup plus de pression dans la voile.

En fait si tu y réfléchis bien le meilleur moyen de négocier une rafale sans se retrouver à la rue c'est d'abattre le plus tôt possible. Ca peut avoir l'air dingue, dis comme ça, mais pourtant c'est logique. Et si tu cherches quels sont les facteurs limitant ta vitesse de pointe, dans ton analyse il te faut discerner deux choses essentielles,  totalement différentes et pourtant parfaitement indissociables en planche à voile :

1- La tenue de la voile.
2- La tenue de la planche.

Fort de cette constatation, dont même si tu n'es pas vraiment convaincu parce que tu n'as pas tout compris, on va supposer que tu admets le principe docilement parce que tu es foutrement motivé pour décrocher une place honorable dans le classement du Speed Challenge et puis ça va me faciliter la tâche par la suite sinon on ne va jamais s'en sortir.

Alors pour résumer, au départ de l'action, ce qui va principalement te bloquer c'est la tenue de la voile mais si tu arrives à accélérer ensuite tu risques d'être bloqué par la tenue de la planche à cause de l'état du plan d'eau et de ta vitesse donc on va voir comment on peut essayer d'améliorer tous ça.

-Anticipes l'arrivée des bouffes pour accélérer le plus tôt possible, n'attends pas d'être servi, à la rue, au travers ou pire au prés, pour chercher à te "caler" avant de te lancer. Prends l'habitude d'exploiter  au mieux le moindre souffle et ce au plus tôt car c'est formateur et ça te permettra de mieux te placer sur le plan d'eau. C'est essentiel. Gardes à l'esprit que le seul moyen pour réussir à exploiter les pires bouffes et espérer scorer au GPS, c'est d'être déjà lancé à l'abatée quand les "watts" déboulent sur le lac. Plus tu abordes la bouffe avec de la vitesse plus ça passera facilement. Plus facile à dire qu'à faire sur nos mares courtes et déventées.

-Ne reste pas en embuscade à attendre le "bon moment" pour te lancer, vas sur l'eau navigues, c'est le meilleur moyen de t'entraîner physiquement et mentalement avec ton GPS en affichage double (Vitesse Max + Vitesse Instantanée) et prends l'habitude d'y jeter un (rapide) coup d'œil de temps en temps pour sentir l'influence de ce que tu fais et en vérifier l'efficacité. Tire des bords dans tous les sens et forge toi ta propre expérience. Tu seras surpris de constater que ce n'est pas toujours quand on force que ça va le plus vite...


-Adopte la "speed attitude". Habitues-toi à essayer d'aller vite tout le temps, qu'elles que soient les conditions, même quand c'est mou car ça finira par devenir une attitude naturelle. Et ça te servira même si à priori tu as plutôt une pratique typée "vague" ou freestyle. Finis les sessions de nav façon "pèche-promenade".

-Aies la volonté de t'engager mentalement et physiquement. Il faut avoir une navigation active. Vas chercher les rafales. N'attends pas quelles te tombent dessus. Anticipes mais ne restes pas passivement trop sur l'arrière de la planche de peur de te faire catapulter sur l'avant. Au contraire, laisses la voile partir un peu devant (point trop n'en faut quand même) en te redressant et en suspendant ton poids au wish (un peu comme tu le ferais pour partir au planning dans du light) pour que ta planche reste bien à plat (et non cabrée). C'est essentiel pour l'accélération et le contrôle. Même une fois installé dans la risée, restes « limite catapulte » car il faut que tu sentes la voile t'emmener.

-Fais gîter légèrement la planche (appuis pointes de pieds) pour la rendre volage sur son aileron et diminuer sa surface mouillée (absolument indispensable pour les dernières générations de flotteurs courts mais plus larges qu'avant). Le matos doit te sembler le plus léger possible sous les pieds à la limite de l'envolée et restes bien fléchis pour maintenir un contact clapot souple.

Les réglages.

-La tension au point d'amure doit être au max. La chute de la voile doit ouvrir largement avec un twist (vrillage) important mais progressif, sans cassure.
-Doses la tension au point d'écoute en fonction de tes capacités mais gardes à l'esprit qu'une fois lancé à l'abatée il va te falloir beaucoup de « main arrière », donc du creux pour pouvoir continuer à accélérer. L'idéal sur la plupart des voiles de course c'est de laisser un peu de négatif au point d'écoute.

-Montes plutôt de petits ailerons. Perso je monte un 36cm avec ma 8.4 !  Mais il faut être raisonnable car un trop petit aileron ne te permettra pas de faire giter suffisamment ta planche, d'où l'impression de coller à l'eau avec une forte surface mouillée. Et je rappelle qu'on n'est pas sur le canal des Saintes-Maries-De-La-Mer et tu ne peux pas te payer le luxe de monter trop petit car le vent reste trop irrégulier et il te faut penser que si tu abats il te faudra aussi sûrement caper pour remonter et te replacer à nouveau correctement sur le plan d'eau et gaffe aux spin-out !


-Règles les footstraps arrières à fond derrière. Idem pour les straps avants sauf si tu es grand et veux un peu plus d'écartement pour l'équilibre et le contrôle.

-Le réglage de pied de mat doit te permettre de border la voile sur le pont sans que le point d'écoute ne traîne dans l'eau. Attention, si le flotteur s'envole :  Ravance un peu pour le plaquer et garder du contrôle. L'idéal, c'est de pouvoir diminuer la taille de l'aileron pour réduire l'effet « foil ». Attention le réglage du pied de mat est très sensible; Il est responsable en grand partie de l'assiette de la board et est étroitement lié à ta hauteur de wishbone et à ce sujet préfères une hauteur un peu inférieure à ce que tu utilises en conditions normales de navigation cela va t'aider à garder le flotteur bien à plat.

-Enfin le plus important (à mon avis) de tous les réglages car il est très influent techniquement et surtout très révélateur de ton engagement mental : La position des bouts de harnais car la plupart du temps, ils sont trop en avant. Ce réglage « safe » permet d'ouvrir automatiquement dans les rafales pour ne pas se faire catapulter en speed-loop mais qui ne permet en aucun cas d'exploiter correctement les bouffes. Pire, ce type de réglage présente plusieurs  inconvénients majeurs :

1- Si tu ouvres : T'es une lopette et tu laisses du coup s'échapper les précieux watts qui t'auraient certainement permis de grappiller les quelques nœuds qui te manquent pour devenir « The King Of The Lake ». Dommage !

2- Si tu ouvres en pleine survitesse : tu te crashes et tu finis plaqué sous la voile comme une merde et ça, je te garantis que tu ne vas pas aimer du tout. D'abord parce que c'est bien humiliant de se prendre une boite devant toutes tes admiratrices et puis surtout parce qu'après avoir évacué le demi-litre d'eau saumâtre que tu as dans chaque sinus tu va commencer à réfléchir et ça c'est définitivement bloquant en speed.

3- Revenons à nos bouts réglés trop en avant : D'après les points 1 et 2, si tu veux lutter pour ne pas ouvrir, tu vas être obligé de tirer comme une mule sur ta main arrière. Donc tu vas automatiquement pousser comme un ours cette fois-ci sur ton pied arrière et du coup tu charges à la fois l'aileron, provoquant un effet « foil » digne de l'hydroptère et l'arrière de ta planche offrant ta carène au clapot et dirigeant le noze vers le ciel que tu vas bientôt rejoindre d'ailleurs mais pas pour longtemps puisque si tout le matos sors de l'eau, tu ouvres et ça y est, ça recommence. Tu vas vite repasser par la case 2 : Tu te crashes et c'est comme ça qu'on apprend mais bon, c'est un peu rude quand même !

4- Règles tes bouts plutôt sur l'arrière. Cela doit te paraître franchement exagéré en nav et du dois te  sentir mal, notamment dans les molles avec une très forte traction sur la main avant. Dans ce cas là, pour compenser, adoptes une position déhanché sur l'avant, en posant ton menton sur ton épaule avec le pire regard de tueur que tu saches faire et ça devrait suffire pour masquer ton inconfort ! Cela dit, consoles-toi en te disant qu'il est physiologiquement plus facile de tirer avec le bras avant tendu dans les molles qu'avec le bras arrière replié derrière toi dans les bouffes.

5- Si tu t'y astreinds, tu devrais être rapidement récompensé de tes efforts, d'abord parce que comme pour tout, on fini par s'habituer et puis surtout, quand la bouffe va rentrer, tu n'auras plus qu'à t'asseoir dans ton harnais pour border ta voile (facile, non) avec seulement un léger reste de tension sur le bras avant qui va t'obliger à pousser sur ton pied avant et donc t'aider à garder ta board bien à plat. Je te laisse imaginer la suite : Top accélération et donc top vitesse. Pour l'anecdote, ce truc m'est venu lorsqu'un jour, un peu trop pressé d'aller sur l'eau j'ai oublié de re-régler mes bouts alors que je venais de descendre de 6.8 à 5.8 et j'ai eu de supers sensations de vitesses en nav et je n'ai percuté qu'au moment de dégréer.

Enfin, pour clore ce mini dossier, essayes de mettre à profit les trop nombreuses journées de pétole pour peaufiner tout tes réglages, déjà à terre, et surtout le montage de ton matos notamment quand tu à des éléments neufs.

Il est inadmissible de se mettre à l'eau avec un aileron mal calé dans son boîtier ou dont la pointe mériterait un bon ponçage à cause d'une arrivé à l'américaine sur les cailloux lors de la dernière nav, des bouts usés, des straps qui tournent car dévissés, une poigné de wish qui glisse sur son mât, la tension des lattes ... j'en passe et des meilleures. La liste des anomalies qui peuvent potentiellement te pourrir la session est trop longue sans même parler de casse éventuelle. Alors, dés qu'il fait beau, profites-en pour faire un gréage au calme, chez toi, sur la pelouse et n'hésites pas à prendre des notes (nombre de crans de rallonge par exemple), et pour inspecter le montage de tel aileron avec telle planche et vérifier la longueur des vis. Enfin bref aides-toi et peut-être le vent t'aidera !
Sur ce bonne bourre chez vous…et à bientôt au taquet sur l'eau !

Disclaimer : vous pratiquez à vos risques et périls, c'est vous qui bordez c'est vous recevez !
L'auteur ne saurait être tenu responsable de vos excès de vitesse (quoique)…

STEPH




06/07/2007
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